Lettre d’info Automne 2022

L’accès à la Mongolie reste possible via Frankfort par la MIAT ou via Istanbul par Turkish Airlines ; les prix ont explosé et risquent de rester à ce niveau tant que la Chine et la Russie restent fermées. Puje a pu rejoindre la Mongolie au printemps et je l’ai rejointe le 7 mai pour la période estivale sur le site de Corsac. Un seul autre volontaire a pu venir cette année, Jean-Yves qui m’a aidé en juin pour les travaux d’aménagement du terrain à corsac, dans la vallée de Shakholei près d’Oulan Bator.

Je ne reviens pas sur les opérations importantes de ce début d’année qui étaient détaillées dans la lettre d’information du printemps. Concernant l’hygiène des jeunes filles, nous avons livré en début septembre les kits nécessaires jusqu’à la fin d’année à Khashaat sum et Tsetserleg sum.

L’été a été consacré pour l’essentiel à la ferme Corsac

La première opération a consisté à installer la yourte et à l’équiper afin d’y loger et recevoir nos visiteurs locaux.

Montage de la ger (yourte) fin avril
La ferme sous la neige le 7 mai

La photo ci-dessus montre une image idyllique du site malgré le manque d’herbe mais celle de droite peut nous donner une idée de la difficulté du climat avec ses variations ; La ferme est située à 1600 m ce qui accroît les difficultés pour le maraîchage : 2022 a été une année pluvieuse donc favorable à la pousse mais le développement a été contrarié par des nuits froides, et ce tout au long de la saison. Les plants de poivrons et aubergines élevés en appartement par Puje depuis début avril n’ont pu être mis en place avant fin juin et ces légumes n’ont pu que survivre, sans cependant fructifier.


L’eau étant cruciale pour notre consommation et l’irrigation, nous avons installé les 150m de tuyaux nécessaires entre le puits situé en haut du terrain et le réservoir de 6m
3 près des futures cultures.
Pour celles-ci, le terrain étant en pente et n’ayant jamais été travaillé, il s’est agi de défricher la parcelle destinée aux pommes de terre près de l’ancienne bergerie et d’étendre ce défrichage plus au sud pour dépierrer et construire des terrasses qui recevront nos futures plantations en 2023.


Champ des pommes de terre après défrichement
Plantation d’un arbre
Jean-Yves avec le voisin

Sur la partie non cultivée, nous avons planté 11 jeunes arbres, en test avant d’en planter d’autres au printemps prochain.

L’objectif de cette année était l’étude de la topographie et la prise en main du site et nos récoltes ont donc été modestes : Radis, quelques herbes culinaires et 200 kg de pommes de terre consommés ou distribués à nos relations sur place. Une famille d’éleveurs voisins nous a permis de bénéficier du lait et des produits dérivés de leurs vaches. De notre côté nous leur avons fourni des pommes de terre et de la confiture de rhubarbe cuisinée par Puje à partir de la rhubarbe sauvage du terrain. En juin puis en début septembre ils ont pu profiter de l’herbe de notre terrain pour faire les foins et conforter leurs réserves pour l’hiver. Nous avons donné aussi un lit et sa parure à notre voisine, femme forte agée de près de 80 ans, dont le lit était du type de ceux que nous avions trouvés à l’internat de Tsetserleg sum, étroit et sommier métallique déformé.

Pour la cuisine et le chauffage nous utilisons des bouses séchées ou du bois de récupération pris sur le terrain. Les déchets sont soit mis au compost pour les végétaux, soit donnés aux chiens, aux pies et autres craves à bec rouge pour les produits carnés, enfin ramenés à Oulan Bator pour les emballages.

A Corsac nous profitons d’auxiliaires locaux très précieux : Deux chats harets qui limitent la population de rongeurs avec l’aide d’un milan qui patrouille régulièrement au dessus du terrain mais aussi yaks, vaches et chevaux qui broutent l’herbe et nous laissent des bouses en contrepartie; Engrais naturel ou combustible possible après un temps de séchage.

La vie permanente sur place nous a permis de rencontrer le gardien de l’écologie de la vallée, heureux d’étoffer avec nous son réseau de volontaires pour surveiller ce qui s’y passe et participer à des actions.

Le constat en arrivant est que l’étable est en piètre état et qu’un mur commence à s’écrouler dans la partie la plus enterrée. La structure est en bois, les murs en pisé et le toit percé en fibre de verre laisse passer l’eau et humidifie les murs. La seule option pour cette année est de protéger les zones les plus dangereuses, sortir le bois qui y est entassé et récupérer les fenêtres afin de les utiliser pour en faire des couches. Nous cherchons actuellement une solution pour abattre la partie la plus atteinte en récupérant si possible la charpente ; ce sera un chantier pour 2023.


La mission Alex BEGG, notre partenaire écossais, en août, nous a permis de rencontrer de nouveaux éleveurs et donné des pistes de réflexion pour des actions nouvelles.

Avec Chemed dans le potager
Le repas animé dans la ger

L’objectif de Fiona, la nouvelle directrice du développement durable d’Alex BEGG, est double : Découvrir la filière mongole du cachemire grâce à Ian qui a établi le programme et l’accompagne et voir sur site la réalité des actions de SUJE avec Puje et moi-même. C’est donc un quatuor américain, écossais, mongol et français qui a pris la route de l‘Arkhangaï et a rencontré 3 représentants de coopératives d’éleveurs dans le Sud de l’aimag ( région ) puis s’est dirigé vers le Nord jusqu’à Tsetserleg sum.

Une 1ère étape chez nos amis Chemed et Sarantuya leur a permis de toucher du doigt la réalité de la vie dans la steppe et d’évoquer les problèmes des nomades. L’accueil chaleureux et la simplicité de Fiona et Ian ont permis des échanges amicaux et fructueux, grâce aussi à la traduction de Puje toujours disponible. Fiona a conquis les éleveurs avec sa maîtrise de l’équitation et son naturel. Très vite cependant nous avons dû les quitter pour visiter Karakorum et nous rendre le lendemain matin à la réunion de travail prévue grâce à SFA.

SFA est le syndicat mongol des producteurs et transformateurs de fibres et un partenaire précieux pour Alex BEGG. Ce rendez-vous avec le responsable de la coopérative locale était organisé pour échanger sur les difficultés des éleveurs et une clarification des besoins de qualité pour la filière et les tisseurs. Afin d’assurer la traduction anglais-mongol, Munkh-Erdene notre trésorier adjoint était venu d’Oulan Bator pour la journée, à la satisfaction de tous. Sur un autre plan les éleveurs présents ont émis le voeu de travailler avec SUJE à l’avenir.

Réunion sous la ger
Les principaux participants

Sur la route, à grand Tsetserleg, capitale de l’Arkhangaï, nous avons rencontré la responsable du centre culturel de Tsetserleg sum qui est en demande d’étagères pour sa bibliothèque et d’autres éléments afin d’aménager le centre nouvellement construit où les enfants aiment venir mais qui est actuellement très mal équipé. Nous avons aussi évoqué avec elle la possibilité de mettre à disposition son centre pour un groupe de musiciens de Supélec qui nous proposaient de venir faire des ateliers après des enfants en août. Malheureusement ces derniers viennent de se désister, préférant rester en Europe au vu de la situation politique actuelle.

A Tsetsertleg sum, nous logions chez les professeures d’anglais, ravies de faire la connaissance de Ian dont l’épouse leur assure des cours via internet depuis un an, à leur grande satisfaction.

A Grand Tsetserleg avec la Directrice du centre culturel
Ian et 2 des professeures d’anglais

Dès l’arrivée la professeure d’anglais Puje accompagne Fiona et Ian pour découvrir l’école, son gymnase en cours de rénovation, nos réalisations dans les 2 internats et le nouveau centre culturel. Le lendemain ils sont reçus à la mairie puis rencontrent le responsable de la coopérative des éleveurs avec qui nous visitons le nouveau hangar de stockage de la laine de cachemire construit grâce à l’aide de l’association française AVSF, active aussi dans le conseil auprès des éleveurs locaux.

Nous repartons dans la steppe pour rencontrer des adhérents de la coopérative dans la ger d’une des familles ; Ils nous offrent à déjeuner comme la règle de l’hospitalité mongole l’exige et nous échangeons tant sur les problèmes générés par le climat actuel que sur nos modes de vie respectifs.

Les éleveurs hôtes
Discussion avec le jeune, à l’écart des parents pour libérer sa parole

Le fils de la famille, âgé de 14 ans et par ailleurs élève de notre professeure Puje, souhaite reprendre l’élevage de son père qu’il aide déjà mais il n’a aucune connaissance des besoins ou de la filière. De cette situation, que l’on devine banale, vient l’idée à notre coordinatrice de monter un cours sur l’élevage à destination des jeunes filles et fils d’éleveurs ; Cette idée recueille l’adhésion de tous et sera creusée à notre retour à UB ( Oulan Bator ).

Bravo à Fiona qui, pour son premier contact avec la Mongolie, a su maximiser les 4 jours de mission et communiquer directement avec les différents acteurs de la filière, notamment avec les éleveurs qui ont été étonnés de l’intérêt qu’ils sucitaient et de la présence d’une Directrice européenne chez eux, c’était une première ! Ian a contribué grandement à cette réussite et chacun, SUJE y compris, a trouvé un grand bénéfice à cette démarche qui nous a ouvert de nouvelles perspectives.

Réunion préalable à la mission dans les bureaux de SFA

Après le départ de Fiona et Ian en Ecosse, Puje et moi-même avons rencontré la Directrice de SFA qui nous a assuré de son soutien dans notre démarche de former les futurs jeunes éleveurs. Puje doit rencontrer les Responsables de l’éducation régionale de l’Arkhangaî afin d’obtenir la tenue de cours dans le cadre du programme des écoles, cours qui seraient assurés par les professeurs des sciences de la terre, à partir des supports de cours de SFA et financés par ce syndicat quant aux salaires. SUJE est l’initiateur de ce nouveau projet et travaillera à la coordination entre des acteurs qui ont un intérêt commun : Mieux informer et former au bénéfice des futurs éleveurs et de l’industrie mongole.

2023

Le contexte est imprévisible mais nous avons des atouts : Des adhérents fidèles, des relations durables avec les acteurs locaux, des soutiens solides et une très bonne connaissance de la Mongolie. D’un point de vue pratique, Puje et moi avons la nationalité mongole et un permis de séjour qui nous garantissent la possibilité de mener sur place nos actions.

A Corsac
La voie est tracée et nous ferons du maraîchage sur les terrasses préparées et continuerons l’aménagement du site. Nous voulons aussi nous inscrire dans la vie locale en confortant les relations avec nos voisins éleveurs et aussi participer à des actions avec le garde écologique de la vallée.

Dans l’Arkhangaï
Nous continuerons à suivre nos éleveurs-maraîchers et à leur apporter notre aide si besoin, le don d’éléments d’hygiène pour les filles de Tsetserleg sum et de Khashaat sum sera poursuivi.

A Tsetserleg sum
. Nous tenons à reprendre l’été la présence de groupes auprès des enfants, nous avons déjà plusieurs propositions de scouts mais les projets restent à préciser,
. Nous compléterons autant que possible les équipements pour l’internat et le centre culturel et serons aidé financièrement en cela par Alex Begg, ceci a été confirmé par Fiona,
. Les cours d’anglais pour les professeures seront poursuivis via internet,
. Une famille de 2 parents et 2 enfants qui avait l’ambition de faire un tour du monde en camping car et nous avait contacté a été contrainte d’amender son projet partiellement et ne pourra malheureusement nous rejoindre. Florent le papa est professeur de football et proposait d’animer des séances de formation pour les éducateurs et les enfants. Ils pourront heureusement le mener à bien dans d’autres pays. Malgré leur absence, ils tiennent à nous aider et financeront des équipements sportifs, en priorité bien sur buts, filets et ballons de foot. D’abord bravo à eux pour leur projet global et merci de leur élégance de nous aider sans pouvoir participer physiquement à nos actions. Si vous voulez en savoir plus sur eux et les aider dans leur beau projet voici les coordonnées de leur site : https://twinstour-fc.com/ .
La liste n’est pas exhaustive et d’autres opportunités d’actions peuvent encore venir se greffer sur ces projets que nous devons encore affiner.

Merci de nous faire confiance et de votre soutien,
Amicalement
René BURY
Responsable des projets
Pour le bureau de Sentier d’Action Europe