Lettre d’info été 2023

Point sur les projets en cours

Chronologiquement l’année a débuté avec la fourniture des kits sanitaires jusqu’en juin pour les jeunes filles de Tsetserleg sum et Khashaat sum ; Un deuxième envoi aura lieu en fin août, avant la rentrée scolaire. Cette opération qui perdure représente pour l’association un budget conséquent, de l’ordre de 1600€ annuel, mais reste à nos yeux très importante.

Les travaux de rénovation de la classe d’anglais à Tsetserleg sum, financée par Alex Begg, n’ont pu être exécutés lors des vacances de printemps pour cause d’indisponibilité des ouvriers mais le furent en juin, les enfants et professeures n’en bénéficieront donc qu’à la rentrée de septembre.

Les travaux sont effectués par des ouvriers et des professeures bénévoles et consistent dans la réparation du dégât des eaux, réfection des murs et sols ; Les nouveaux mobiliers acquis en janvier seront installés pour un meilleur confort des élèves.

A la ferme Corsac l’objectif 2023 était d’aménager le site, de compléter les terrasses du jardin maraîcher, d’installer une serre et de commencer la mise en culture.

Pour ce faire René est sur place en permanence depuis début avril et il a été aidé au mois de mai par Jean, un jeune volontaire alsacien.

Notre plus grand arbre : Orme de Sibérie de 10 ans d’âge
Nos modestes petits fruitiers
Jean créant un « hôtel à bois » sous l’œil attentif d’Ali, le berger allemand
  • De jeunes arbres sont venus compléter ceux acquis en 2022 et plantés en mai ; Leur fonction est de couper le vent, à terme d’apporter de l’ombre pour les mois d’été mais aussi esthétique et de production. Nous avons pu planter des branches de peupliers récupérées à Oulan-Bator, transplantés des pins, installer des argousiers offerts par Nyamdelger, une fille de nos voisins éleveurs, et avons acquis des ormes de Sibérie, des arbres décoratifs et de petits fruitiers, framboisiers et cassis.

  • L’étable, un corps de bâtiment en « L » de 60m par 12m que nous pensions pouvoir réhabiliter, s’est révélée minée par l’humidité et a commencé à s’écrouler l’année passée.

Nous avons donc décidé de la détruire pour des raisons de sécurité ; Cette opération a été financée à titre privé et non par SUJE qui ne pouvait en assurer le coût. La destruction a démarré en juin et déjà 5 camions de 20 tonnes de déchets ont été enlevés et de nombreux mètres cubes de bois ont été récupérés par les ouvriers ayant effectué les travaux.

Enlèvement des déchets
Fondation défoncée par les engins de chantier

Notre souci est d’assainir le site de toute matière polluante (nombreux plastiques, vêtements et polystyrène expansé pour l’isolation, ciments qui se désagrègent, barbelés et diverses ferrailles…) et de récupérer un maximum d’éléments pour notre usage ou au bénéfice de tiers. Ainsi les ouvriers ont pris déjà 5 petits camions de bois de construction, un couple d’éleveurs qui s’installe un camion de ferraille dont un grand réservoir et nous-même utilisons le bois pour l’aménagement du jardin et comme bois de chauffage pour la yourte, les fenêtres comme châssis de couche, les colonnes d’aération comme refuge pour les oiseaux et pour l’hôtel à bois.

Déchets restant à enlever en début juillet

Aujourd’hui les travaux sont en standby pour cause de Naadam, période festive où les mongols bougent pour des retrouvailles en famille mais où l’activité productive est à l’arrêt.

  • En cohérence avec nos divers actions, le jardin est construit avec les éléments disponibles sur le site : Les pierres issues de travaux de terrassement pour constituer les murets et « nids à tomates », les bois de récupération pour délimiter les restanques et constituer la structure de soutien des tomates dans la serre, les fenêtres de l’ancienne étable pour créer de petites couches, le foin de 2022 pour la couverture du sol, les barrières en bois pour structurer l’espace et maintenir le foin sur la butte, les excréments anciens de nos voisins animaux pour fumer le terrain. Au centre nous avons placé une ancienne bouche d’aération du bâtiment pour loger le couple de craves à bec rouge qui nichaient auparavant dans l’étable ; Ces derniers ont migré des décombres le jour même, entrainant à leur suite leurs 4 oisons qui commençaient à voler et qui aujourd’hui sont toujours en bonne santé.
Fin mai la structure du jardin est installée à coût zéro dans son écrin naturel, reste à le faire fructifier… à 1600 mètres, une gageure

L’intérêt de ce type de conception, sans intrants extérieurs et sans investissement particulier, est de démontrer aux mongols qu’il est possible de se créer un espace de culture à moindre coût, avec un peu d’adaptation cependant. Nous avons la chance de posséder un puits ce qui est indispensable pour l’arrosage et peut-être l’obstacle majeur auquel faire face.

  • Après son séjour à la ferme Corsac, Jean a pris le chemin de la steppe pour aller aider Chemed et son épouse dans le peignage des chèvres, la garde du troupeau et la remise en culture de leur petite parcelle auprès de leur campement d’été.

Ci-dessous Jean et la famille le jour de son arrivée, avec la petite pour planter les pommes de terre et à cheval.

La météo n’était pas clémente !
  • L’arrivée de la serre, en fait un simple tunnel de 8mx4m, début juin est venue compléter nos équipements et a permis son installation à l’abri des vents violents auprès de l’ancienne bergerie. Sa proximité du jardin, à un niveau un peu inférieur à celui de notre réservoir d’eau général, permet son irrigation en cas de besoin.

A l’intérieur du tunnel, un réservoir d’eau d’un demi-mètre cube doit permettre l’arrosage en eau à température et de réguler partiellement la température.

  • La culture a commencé dès la mi-mars avec le semis des graines bio de la ferme de Sainte Marthe en poquets, bien sûr dans l’appartement d’Oulan Bator. Comme la serre n’était pas disponible avant juin, certains plants ont été transplantés dans des pots plus grands afin de ne pas trop obérer leur croissance ; Ce sont les aubergines, tomates, melons, poivrons et piments de Cayenne et concombres qui ont trouvé place dans la serre.
Poivrons à la plantation
Aubergine
Tomates et piments

En extérieur, nous avons choisi de cultiver les légumes traditionnels que nous connaissons en France dans nos jardins, avec pour objectif de faire connaitre aux mongols aussi des légumes qu’ils sont en mesure de cultiver facilement mais qu’ils ne consomment pas ou peu actuellement : je pense notamment aux radis, betteraves et navets. Bien sur nous ne pouvions nous priver des pommes de terre et oignons qui sont la base de leur alimentation.

Planche à petits pois
1er semis de radis
Oignons mongols et Soucis officinaux

Nous allons bientôt accueillir l’équipe de Twins Tour Fc qui, avec l’aide de Coach sans frontière, va animer des formations au football auprès des enfants et encadrants de la petite ville de Mongon Moritt. Les équipements sportifs et tenues pour les enfants ont été achetés à UB et envoyés sur place afin que tout soit prêt pour l’arrivée du coach Florent le 31 juillet.

Au départ d’Oulan Bator
A l’arrivée à Mongon Moritt
Pendant la mission nous serons logés au collège et ce sera aussi pour SUJE l’opportunité de prendre langue avec les autorités locales pour mener d’autres actions les années suivantes.
Nous ferons un point dans notre lettre d’automne sur l’action football d’août, c’est une première, pour éventuellement la renouveler et surtout comment nous envisageons de la faire perdurer dans le temps à Mongon Moritt.

Micro-crédit : Un nouveau projet pourrait être mis en place dès cette année

Il s’agirait de monter un micro-crédit afin de permettre à un jeune couple de s’installer comme éleveurs. Nous l’avons déjà fait avec succès à Tsetserleg sum avec la fourniture de barattes et l’achat des moutons pour 3 jeunes éleveurs.

Le couple, le mari était professeur de menuiserie et l’épouse médecin, a décidé de se lancer dans l’élevage car leurs salaires de fonctionnaires ne leur permettent pas de vivre décemment.

Nous les avons rencontrés lors de la démolition de l’étable, lorsque nous cherchions à valoriser les éléments de structure du bâtiment et les équipements d’élevage. Nous avons mis à disposition de ces personnes les ferrailles récupérées, spécifiquement un petit conteneur et les éléments de séparation des vaches.

Les jeunes éleveurs en discussion avec Puje à la ferme Corsac début juillet

Grâce à leur famille ils ont pu acquérir 6 vaches mais l’objectif de viabilité est d’atteindre un troupeau de 20 têtes. Une première étape est d’acquérir 4 vaches laitières supplémentaires dont le prix d’achat est d’environ 1000€ l’unité.

Leur comportement réfléchi pour l’enlèvement des ferrailles et l’enthousiasme qu’ils nous ont montré en décrivant leur projet de vie nous ont donné confiance. Le lait est vendu à APU, le géant mongol du lait, les revenus sont donc assurés quel que soit le niveau de production. L’été le mari travaille en outre à la construction de maisons pour subvenir aux besoins du couple et de leur jeune enfant.

Proposition aux adhérents et sympathisants :

Suje devrait trouver la somme de 4000€ pour proposer un micro-crédit dont le rythme de remboursement sera à discuter avec les bénéficiaires. Je vous propose de ne lancer cette opération que si je reçois de votre part, au plus tard à l’échéance d’un mois, des promesses de dons pour un montant total minimum de 2000€. Je souhaite en effet ne pas prendre le risque de péjorer nos projets en cours, je pense aux kits sanitaires qui bénéficient à plus d’une centaine de jeunes filles par exemple, en lançant une opération coûteuse qui mette en péril notre trésorerie en 2023-2024.

Pourquoi ce délai d’un mois : Pour pouvoir fixer les éleveurs et contracter avec eux avant mon retour en Europe.

Je vous remercie vivement de votre réponse, positive ou non, et vous rendrai compte dans notre prochaine lettre d’information.

J’ai été long, je m’en excuse auprès de vous, mais je tenais à vous faire un point assez précis de nos activités ici en Mongolie.

Amicalement

René